Les choses elles-mêmes à la solidité et à la fixité desquelles croit la tête étroite de l'homme ou de l'animal n'ont aucune existence propre. Ce sont les éclats et les éclairs des épées brandies, le scintillement de la victoire dans le combat des qualités contraires... La consumation totale dans le jeu est satiété... la satiété engendre le crime (l'hybris)... Toute l'histoire du monde serait-elle le châtiment de l'hybris? Le multiple, le résultat d'un crime?... Le jeu... joue... se transformant en eau et en terre... il construit comme un enfant des châteaux de sable... il les édifie, les détruit et... recommence le jeu à son début. Un instant de satiété. Ensuite, le besoin le saisit de nouveau... Ce n'est pas l'instinct du crime, c'est le goût du jeu, toujours à nouveau éveillé, qui appelle à la vie de nouveaux mondes...

NIETZSCHE, LA PHILOSOPHIE À I.'ÉPOQUE TRAGIQUE DE LA GRÈCE (PASSIM).

Trois illustrations d'André Masson - 1937 - Revue Acéphale